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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/501

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de l’empire latin.

lui adressa ses vœux ; elle consentit à l’épouser. Vatace, qui avoit toujours redouté son ambition, aima mieux la voir devenir la femme d’un simple gentilhomme, que celle d’un prince de la maison régnante.

Baudouin ii, dernier enfant de Pierre de Courtenay, que sa mère avoit mis au monde au milieu des plus horribles calamités, succéda, n’étant âgé que de onze ans, à son frère Robert. Les seigneurs, n’ayant pas assez de confiance dans les talens d’Anseau de Cahieu pour lui donner la tutèle de ce prince pendant une minorité qui devoit être longue, formèrent un conseil pour choisir le prince à qui l’on confieroit les destinées de l’Empire. Il falloit un héros pour lutter avec avantage contre les circonstances dans lesquelles on se trouvoit, et presque tous les grands hommes qui avoient fait la conquête étoient morts. Les seigneurs qui formoient le conseil eurent un moment l’idée de solliciter la protection de Jean Asan, roi des Bulgares, qui, comme nous l’avons dit, avoit succédé à Phrorilas. Ce prince, avec lequel on entama des négociations, promettoit de conquérir pour les Français le royaume de Thessalonique, et le jeune Baudouin devoit épouser sa fille.

Lorsque ce projet fut soumis à l’assemblée générale des seigneurs, il fut presque unanimement rejeté. On se souvenoit des malheurs que les Grecs avoient éprouvés à la suite d’une alliance avec un roi de cette nation barbare, et l’on ne prévoyoit pas que les Français seroient bientôt obligés de contracter les liaisons les plus intimes avec ces mêmes Comains, dont ils ne prononçoient alors le nom qu’avec horreur.

Les regards des seigneurs se tournèrent vers un