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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/142

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entre la france et l’angleterre.


barbarie tels que, suivant l’expression de Froissard, nulle créature humaine ne devroit et n’oseroit les penser.

La noblesse, abandonnée à leurs fureurs, sentit trop tard la faute qu’elle avoit faite en laissant avilir le pouvoir royal, où elle puisoit toute sa force ; elle reconnut qu’en s’isolant, elle avoit elle-même causé tous ses maux, et elle chercha franchement à se rapprocher du Dauphin. Tous les hommes honnêtes et paisibles qui appartenoient aux ordres du clergé et du tiers-état, étoient également fatigués des désordres. À Paris même, d’où le Dauphin étoit parvenu à s’échapper, Marcel et Le Coq ne se soutenoient plus qu’avec peine. Ceux de leurs complices qui s’étoient rendus moins coupables qu’eux et qui croyoient encore pouvoir espérer un pardon, songeoient aux moyens de l’obtenir. Voulant rester maîtres des événemens, au moment décisif ils avoient fait chasser les troupes anglaises et navarroises que le prévôt des marchands avoit introduites ; ils étoient parvenus à rendre le roi de Navarre suspect au peuple dont naguère il avoit été l’idole. La crise approchoit, le pouvoir alloit échapper aux factieux, le glaive de la justice menaçoit leurs têtes ; il falloit se livrer à la merci du régent ou s’abandonner sans réserve au roi de Navarre, qui occupoit Saint-Denis avec une armée d’Anglais et de Navarrois. Marcel résolut de lui livrer la ville, de faire massacrer par ses soldats tous les partisans du Dauphin, et de le proclamer roi de France. Le Coq devoit faire le couronnement. Tout étoit disposé pour cet horrible projet, mais au moment de l’exécution, Marcel reçut lui-même la