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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/143

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précis des guerres


juste punition de ses crimes[1]. Sa mort mit fin aux troubles ; le Dauphin rentra dans la capitale, et de

  1. Presque tous nos historiens, le président Hénault lui-même, racontent que Marcel fut tué par Jean Maillard, capitaine de l’un des quartiers de Paris, au moment où il alloit livrer la bastille Saint-Antoine aux Navarrois. M. Dacier, dans un mémoire lu à l’académie des inscriptions et belles-lettres, en 1778, a prouvé que les choses ne s’étoient point passées ainsi. Nous croyons devoir offrir à nos lecteurs une nouvelle relation où les faits sont rectifiés d’après le mémoire du savant académicien.

    « La nuit fixée pour l’exécution du complot étant venue, le roi de Navarre, avec sa troupe, s’approcha en silence des bastilles qu’on devoit lui livrer. Marcel, accompagné de quelques bourgeois de la faction, les uns armés, les autres sans armes, se rendit à la porte Saint-Denis, dont il voulut renvoyer la garde pour la remplacer par ses gens. Les bourgeois qui veilloient à cette porte, étonnés de cet ordre nouveau, commencèrent à soupçonner les intentions de Marcel, et lui demandèrent raison de sa conduite. La dispute s’échauffoit : Jean Maillard, compère du prévôt, et qui avoit été un de ses plus intimes affidés, mais qui rompit ouvertement avec lui toute amitié ce jour-là même, commandoit en ce moment le quartier de la ville où s’étoit émue la querelle. Il arrive au bruit, avec Simon Maillard, son frère, et plusieurs de leurs amis : Etienne, lui dit-il, que faites-vous ici à cette heure ? — Que vous importe de le savoir ? lui répondit le prévôt ; je suis ici pour prendre garde à la ville dont j’ai le gouvernement. — Par Dieu ! il n’en va pas ainsi ; mais vous n’êtes ici à cette heure pour nul lien ; et je vous montrerai (en s’adressant à ceux qui étoient auprès de lui), comment il trahit sa ville. — Le prévôt, l’interrompant : Jean, vous mentez. — C’est vous, Étienne, qui mentez. Aussitôt Maillard, suivi des siens, monte à cheval, fait flotter une bannière royale, et parcourt les rues en criant : Monjoye Saint-Denis au Roi et au Duc ; et il s’arrête quelle que temps aux halles, et donne l’alarme au peuple. Le prévôt ne se déconcerte pas, et, trompant par une ruse ceux qui auroient pu l’arrêter, il fait, ainsi que ses gens, le même cri : Monjoye Saint-Denis au Roi et au Duc ; et ils vont en toute hâte à la porte Saint-Antoine.

    Pendant cette altercation de Maillard et de Marcel, le sire Pepin