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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/168

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entre la france et l’angleterre.


n’eût point été couronnée du succès. Il tombe malade et meurt sans avoir pu consolider ses travaux ; il emporte au tombeau la triste certitude des malheurs qui vont pleuvoir sur la France, et ne peut ni les empêcher ni les prévenir.

Lorsqu’il étoit monté sur le trône en 1364, le royaume, dépouillé de plusieurs provinces importantes, ouvert de toutes parts, n’avoit à opposer à l’ennemi que des troupes découragées. Les peuples étoient ruinés, les campagnes dévastées et sans culture, le trésor obéré, l’autorité royale avilie. Le roi de Navarre, maître de diverses places sur la Seine et dans les environs de Paris, pouvoit insulter impunément et affamer la capitale : enfin le royaume se trouvoit réduit à un tel état, qu’Édouard lui-même n’avoit pas jugé qu’il fût nécessaire de l’abaisser davantage. Charles, en cinq années de paix, avoit fait renaître l’abondance dans ses États, rétabli ses finances, créé des armées. Six campagnes lui avoient suffi, non-seulement pour recouvrer ce qui avoit été cédé par le traité de Bretigny, mais encore pour conquérir les anciennes possessions des Anglais en France. Son entreprise sur la Bretagne, que les historiens ont blâmée parce qu’elle n’a pas réussi, étoit justifiée par la conduite ennemie du duc de Montfort et par l’intérêt de l’État. Rarement les souverains ont des prétextes aussi plausibles quand ils font la guerre, et jamais le succès d’une expédition ne parut mieux assuré d’après tous les calculs de la prudence humaine ; mais Charles n’avoit pu mettre la dernière main à ses travaux ; les Anglais possédoient encore Bordeaux, Bayonne, Calais, Brest et La Rochelle ; ils tenoient ainsi les clefs de la France, où ils