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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/169

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précis des guerres entre la france, etc.


pouvoient pénétrer sans obstacle. Le Roi, qui n’avait que quarante-quatre ans, pouvoit espérer qu’il vivroit assez long-temps pour achever la délivrance du royaume. La foiblesse de sa santé n’arrêtoit point l’activité de son esprit ; une sage économie lui avoit ménagé des ressources pour continuer la guerre sans fouler ses peuples par de nouveaux impôts. Encore quelques années, et ce grand monarque établissoit sur des bases inébranlables la prospérité et la splendeur de la France ; mais l’édifice, encore imparfait, devoit s’écrouler s’il n’étoit soutenu par des mains fermes et habiles.

La Couronne tomboit sur la tête d’un enfant de douze ans ; les ducs d’Anjou, de Berry et de Bourgogne, étoient appelés, par leur naissance, à la direction des affaires pendant la minorité du jeune Charles VI. Le Roi, qui avoit su contenir leur ambition et réprimer leur avidité, prévoyant ce qui arriveroit après sa mort, leur avoit adjoint pour la régence le duc de Bourbon, son beau-frère, dont il connoissoit les talens et l’austère probité ; mais ce prince ne put ni empêcher le mal ni en arrêter les progrès. Les trésors amassés pour la défense du royaume, furent employés à de folles entreprises, et la France, livrée aux factions, ne fut plus en état de résister à l’ennemi qu’elle avoit vaincu sous le règne précédent : un seul homme l’avoit sauvée, sa mort la replongea dans l’abyme.