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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/223

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ANCIENS MÉMOIRES

nécessaires afin que Bertrand et Thomas combatissent tous deux avec un avantage égal. Quand le dernier vit tout cet appareil et le péril prochain qui le menaçoit, le cœur luy manqua tout d’un coup. Il eût souhaité volontiers en être quite pour rendre à Guesclin son frère Olivier sans rançon ; mais comme il falloit soutenir avec quelque honneur la temeraire démarche qu’il venoit de faire, il engagea secrettement Robert Knole et Thomas de Granson pour faire quelque proposition d’accommodement, sans toutefois qu’il parut qu’il y eût aucune part, afin de ne point commettre sa réputation. Ces deux médiateurs, de concert avec luy, approchèrent doucement de Bertrand, faisant semblant de luy parler de leur propre mouvement, luy representerent qu’il étoit à craindre que s’il luy mesarrivoit dans ce combat, on ne crût dans les pais étrangers que les Anglois luy auroient fait quelque supercherie, se prevalans de sa grande jeunesse, pour le mettre aux mains avec un chevalier qui non seulement étoit dans un âge viril, mais s’étoit aquis une grande expérience dans ces sortes de combats ; qu’il étoit donc plus à propos qu’on luy rendît son frère sans rançon pour accommoder tout ce different, que de risquer tous deux leur vie pour une bagatelle. Bertrand leur répondit qu’il n’étoit plus temps, que les choses étoient trop engagées pour en demeurer là, que le duc de Lancastre, Jean de Chandos et le comte de Pembroc s’étant transportez dans Dinan sous de bons otages, pour voir decider cette querelle dans cette lice, il ne falloit pas les renvoyer sans avoir rien fait. Je jure, dit-il, à Dieu tout puissant que le faux chevalier qui m’a fait