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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/228

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SUR DU GUESCLIN.

torbie ne meritoit pas de mettre jamais le pied dans sa cour, ny qu’on le regardât de bon œil en Angleterre, où l’on avoit horreur de tous ces lâches procedez, et dans le même temps, ce prince ordonna qu’on luy remît entre les mains son frère Olivier, et fit revenir à Dinan les ôtages qu’on luy avoit donné pour sa sûreté.

Bertrand le reconduisit hors des portes avec toute sa troupe, et luy témoigna sa reconnoissance pour toutes les honnêtetez qu’il luy avoit faites, et particulierement pour la peine qu’il avoit bien voulu prendre de se transporter à Dinan, pour honorer de sa presence le combat qu’il venoit de faire. En suite il rentra dans la ville pour s’aller délasser avec ses amis dans un grand repas qu’on avoit préparé pour le régaler, où les dames et les bourgeoises de la ville assisterent pour le féliciter sur sa victoire, et donnerent des preuves de la part qu’elles y prenoient, en dansant et chantant après ce souper. Cependant le siege que le duc de Lancastre avoit mis devant Dinan, fut levé par ordre d’Edoüard, roy d’Angleterre, qui, tenant le roy Jean prisonnier dans Londres, vouloit profiter de la disgrace de ce prince et faire des conquêtes en France ; et comme il avoit besoin de toutes ses troupes pour une expedition de cette importance, il envoya des ordres pressans au duc de Lancastre de se rembarquer incessamment à Brest, avec tout son monde, pour repasser la mer aussitôt.

Ce prince fit goûter de son mieux sa retraite à Jean de Monfort, qui se vit contraint de condescendre à quelque accommodement avec Charles de Blois, par le canal et le ministère de quelques évêques qui se présentèrent d’eux mêmes par un mouvement de charité,