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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/232

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SUR DU GUESCLIN.

Blois porteroient tous deux la qualité de duc de Bretagne, qu’ils en partageroient les villes et les places à des conditions égales, et que pour sûreté de ce mutuel accord ils se donneioient réciproquement des ôtages. Bertrand et quatre, autres chevaliers furent choisis par Charles de Blois pour être les garans de ce dernier traité. Le comte de Monfort donna de son côté quatre seigneurs anglois pour l’assûrance de sa parole, en attendant que les choses fussent terminées de part et d’autre au goût des deux princes.

Les conditions étant arrétées, il ne s’agissoit plus que de mettre les otages en liberté. Charles de Blois exécuta là dessus tout ce qu’il devoit de fort bonne foy : mais le comte de Monfort n’en usa pas de même : car comme il avoit une envie secrette de recommencer la guerre, et qu’il savoit que Bertrand luy seroit un grand obstacle pour reüssir dans son dessein, il fut assez infidèle pour le retenir, et chargea Guillaume Felleton, sa créature et son affidé, de le garder fort étroitement sans se soucier de violer la parole qu’il avoit donnée de le relâcher de même que les autres. Bertrand ne pouvant comprendre pourquoy l’on avoit fait sa condition pire que celle des autres otages, à qui l’on avoit donné la liberté, et s’ennuyant un jour d’un si long retardement, il s’ouvrit au chevalier Felleton, sur le chagrin qu’il avoit de se voir si longtemps en arrêt, et le conjura fort confidemment de luy donner la clef de ce mystère, l’assûrant si le comte de Monfort exigeoit de luy de l’argent pour sa rançon, qu’il se mettroit en devoir de le satisfaire, et qu’il chercheroit dans la bourse de ses amis de quoy se racheter : quoy que dans le fonds