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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/231

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ANCIENS MÉMOIRES

firent condescendre à la rendre, en cas que Charles de Blois, auquel il vouloit donner avis de ce siège, ne le vînt pas secourir en personne dans un certain temps. Il envoya donc un homme affidé pour presser ce prince à faire les derniers efforts, pour forcer les lignes de Jean de Monfort, qui n’omettoit rien pour hâter la prise de Becherel, qui n’étoit pas en état de pouvoir se défendre longtemps.

Charles de Blois comprit la conséquence qu’il y avoit à mettre tout en œuvre pour la secourir. Il ramassa tout ce qu’il avoit de troupes, et pria tout ce qu’il avoit d’amis en Bretagne, de se vouloir joindre au plûtôt à luy. Bertrand, le seigneur de La Val, le vicomte de Rohan, Olivier de Mauny, furent des premiers à luy offrir leurs services avec tout ce qu’ils purent assembler de gendarmes, d’archers et d’arbalestriers, dont ils firent un corps assez considérable pour tenter le secours de Becherel. Bertrand se mit à leur tête dans la résolution de se signaler en faveur du party de Charles de Blois, qu’il avoit embrassé. La diligence qu’il fit fut si grande, que les deux armées n’étant plus séparées que par un ruisseau, l’on étoit prêt d’en venir aux mains ; Guesclin se mettoit en devoir de tenter le passage, lors qu’un saint évêque, pour empêcher le carnage et la boucherie qui s’alloit faire de tant de chrétiens, s’entremit pour accommoder le différent de ces deux princes, et proposa des temperamens si judicieux, allant et venant tantôt dans une armée et tantôt dans une autre, qu’il obtint une suspension d’armes, pendant laquelle il ménagea les choses avec tant de conduite et d’esprit, qu’il fut accordé que Jean de Monfort, et Charles de