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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/249

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ANCIENS MÉMOIRES

Ces trente soldats qu’il avoit auparavant apostez dans la ville, se déclarèrent en sa faveur et se joignirent à luy crians Launoy ! Launoy !. Bertrand, le comte d’Auxerre, et d’autres chevaliers, accompagnez de beaucoup de troupes, se jetterent à corps perdu dans la place. Les habitans se voyans surpris firent mine de courir aux armes ; mais Bertrand se saisit de tous les postes et de toutes les avenues pour les tenir dans le devoir. Il y en eut quelques-uns qui se mirent en état de se defendre en jettant des pierres par les fenêtres ; mais on les en faisoit retirer à grands coups d’arbalètes. La plupart coururent en foule dans la grande église pour s’y mettre à couvert de la fureur du soldat, et faire leur condition bonne. Les femmes s’y jettoient aussi chargeans leurs enfans sur leur cou, Bertrand marcha contre cette église à la tête de cinq cens arbalêtriers, en força les portes, et menaça tous ceux qu’il y trouva de les faire passer au fil de l’épée s’ils ne se rendoient à sa discretion. La crainte de la mort les obligea de subir la loy du vainqueur. Ce gêneral les assura qu’en se soûmettant à l’obeïssance du dauphin de France, on leur conserveroit leurs biens et leurs vies, et que s’il ne luy rendoient réponse sur l’heure, il alloit faire un sac de leur ville, en abandonnant tout au pillage et à la licence du soldat. Les bourgeois de Mante ne se le firent pas dire deux fois ; ils donnerent les mains à tout ce qu’on voulut, et firent serment de reconnoître le duc de Normandie pour leur souverain durant l’absence et la prison du roy Jean, son pere, et demanderent par grâce à Bertrand qu’il voulut au plûtôt attaquer aussi la ville de Meulan, parce que cette place leur seroit une épine