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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/250

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SUR DU GUESCLIN.

au pied, tandis qu’elle tiendroit pour le roy de Navarre, et pour les Anglois, qui feroient sans cesse des courses sur eux et les recoigneroient dans leurs portes.

Bertrand leur promit qu’on alloit mettre incessamment les fers au feu pour cet effet, mais il leur dit qu’il falloit auparavant s’assurer de la tour de Rouleboise, qui ôtoit à Paris la communication de la Seine, et le secours qu’il avoit accoûtumé de tirer de cette rivière. C’est ce qui fut aussitôt arrêté dans le conseil de guerre. Le gouverneur de cette tour étoit au desespoir de ce que Mante avoit été surprise, et reprochoit par les créneaux aux François qu’ils ne s’en étoient rendus les maîtres que par trahison ; qu’ils n’auroient pas si bon marché du poste qu’il occupoit[1], et qu’il se defendroit au péril de sa vie. Des paroles l’on en vint aux coups. Bertrand se mit à la tête des milices de Roüen pour attaquer la tour. On fit des efforts incroyables pour l’emporter, mais les assiégez, qui s’étoient préparez à soûtenir l’assaut se défendirent en gens de cœur, et jetterent tant de dards, tant de pierres, et tant de cailloux sur les assiegeans, qu’ils les obligèrent à se retirer.

Bertrand, qui ne se rebutoit jamais pour un mauvais succès et dont les ressources étoient inépuisables, fit amener par charroy des beliers et d’autres machines de guerre pour battre la tour. Cet appareil

  1. Fist (Bertrand) appeller le chastellain pour parlementer à lui… Et adonc lui dist : « Je vous signifie et commande de par nostre Regent de France, que vous nous rendez la tour ; ou par la foy que je doy à Dieu, ja decy ne partiray, si l’auray prise avant. » Et le chastellain lui respondi : « Sire je croy que ainçois que vous peussiez entrer en ceste tour, il vous convendra aprendre à voler hault. (Ménard, p. 91.)