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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/26

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SUR LES MÉMOIRES DE DU GUESCLIN


En 1692, il parut à Douay un ouvrage intitulé Anciens Mémoires du quatorzième siècle, depuis peu découverts, où l’on apprendra les avantures les plus surprenantes et les circonstances les plus curieuses de la vie du fameux Bertrand Du Guesclin, connétable de France, qui, par sa valeur, a rétably dans ses États un prince catholique ; et nouvellement traduits par le sieur Le Febvre, prévôt et théologal d’Arras, cy-devant aumônier et prédicateur de la Reine[1]. Ces Mémoires sont dédiés à la reine d’Angleterre, femme de Jacques II, et l’épître dédicatoire est une longue paraphrase du passage du titre qui parle du rétablissement d’un prince catholique par un héros français. Dans un avertissement, presque aussi long que la préface, Le Febvre se disculpe d’abord d’avoir dédié des récits de batailles à une femme ; puis, arrivant à son sujet, il explique les motifs qui l’ont déterminé à conserver souvent le vieux langage du temps de Du Guesclin. « J’ay cru, dit-il, que le patois du quatorzième siècle, que

    exemplaire est fort curieux ; non-seulement d’Hozier, qui avoit succédé à son père dans la place de juge d’armes de France, et qui étoit un homme de goût, y a rectifié beaucoup d’erreurs, mais il a écrit de sa main sur le frontispice la noie suivante, qui est un jugement très-juste de l’ouvrage : « Ce livre m’a été donné par M. le marquis Du Chastelet Hay, frère de l’auteur de cette histoire, qui n’est point écrite dans le style d’une histoire. C’est plutôt une amplification d’un jeune rhétoricien qui a pris à tâche de briller par des descriptions de romans, par des harangues, des entretiens, des discours, qui ne conviennent ni aux temps, ni aux choses, ni aux personnes, ni aux faits de cette histoire. Il y a partout une érudition, une affectation de savoir, et de réflexions mal placées ; et, à force d’avoir voulu mettre de l’esprit et du brillant dans la narration, l’auteur a trouvé le moyen de n’écrire que des choses froides, plates, ennuyeuses et peu intéressantes ; et selon moi je n’y trouve rien, de bon que ce qui n’est pas de lui, c’est-à-dire les preuves. »

  1. Voyez la page 2.