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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/27

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NOTICE

j’employe dans quelques endroits de mon livre, mais avec beaucoup de réserve et de discrétion, serviroit à délasser l’esprit de mon lecteur, et lui seroit même de quelque agréement, en luy faisant voir ces traits vifs et naïfs qui portent avec eux leur énergie, leur sel et leur force, et qui se perdent aussitôt qu’on veut se servir d’autres termes pour les exprimer. Les Mémoires de Comines en sont un exemple tout évident ; car quand on a voulu leur donner un tour plus poly, non seulement on a découvert que ce n’étoit plus cela, mais que c’étoit les gâter que de les traduire. »

Le Febvre avoit eu connoissapce de l’histoire de Hay Du Chastelet, mais il avoit jugé avec raison qu’elle pouvoit être refaite sur un meilleur plan, et le succès a couronné son entreprise. Au lieu de se livrer, comme son prédécesseur, à des déclamations emphatiques, il s’est borné à mettre en langage moderne, sans s’écarter de la naïveté du vieux langage, une des anciennes chroniques manuscrites de Du Guesclin. Dom Vaissette avoit observé avec raison que les Mémoires sur lesquels Le Febvre avoit travaillé, étoient les mêmes que ceux dont Ménard avoit publié une copie. Les premiers éditeurs ont combattu cette opinion. « Si dom Vaissette, disent-ils, eût comparé exactement les deux ouvrages, il auroit vu que les manuscrits originaux sur lesquels l’anonyme de Ménard et le rédacteur des Mémoires du quatorzième siècle ont travaillé, étoient de deux écrivains différens. Les expressions de Du Guesclin, quand les deux auteurs le font parler, ne se ressemblent presque jamais ; ils se rapprochent beaucoup mieux dans le récit des fats. » On a vu plus haut que le manuscrit publié par Ménard étoit le Livre extrait de rymes à la re-