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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/264

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SUR DU GUESCLIN.

trompé si les ennemis n’étoient pas à leurs côtez. Son pressentiment se trouva véritable, parce que les Anglois marchoient dans les bois joignant la montagne de Cocherel.

Bertrand, ravy de les avoir déterrez, fit aussitôt tout préparer[1] pour le combat. Le comte d’Auxerre et le vicomte de Beaumont, qui commandoient sous luy, firent armer leurs gens qui brûloient d’envie de combattre et n’attendoient que le moment qu’on en viendroit aux mains. Un heraut vint tout à propos leur dire qu’ils se tinssent sur leurs gardes, puisque les Anglois n’étoient éloignez d’eux que de trois ou quatre traits d’arbalête. Bertrand leur renouvella le discours qu’il leur avoit fait auparavant, pour les encourager au combat. Il n’eût pas plutôt achevé de parler qu’il apperçut sur la montagne l’étendart d’Angleterre qui flottoit au vent, ce qui luy servit de signal pour ranger ses gens en bataille, et qui faisoient fort bonne contenance. Le vicomte de Beaumont luy representa qu’il devoit demeurer dans le vallon qu’il occupoit, et que s’il faisoit quelque mouvement pour changer de poste et monter la montagne pour aller aux ennemis, il courroit grand risque de se faire battre. Bertrand luy répondit que c’étoit bien aussi son intention de ne pas quitter le terrain sur lequel il étoit,

  1. Ce fut là qu’Engorrant de Ilédin vint joindre l’armée françoise… Messire Engorrant de Hédin qui sur son corcier armé, le bassinet à son harson, passa la rivière de Sayne à noe (à la nage) au dessouz de Vernon, pour estre à la journée : car la royne Blanche suer du roi de Navarre, qui dedens Vernon se tenoit le jour de la bataille, fit fermer les ponts que nul ne peut secourir Bertrand, (Extrait des faiz de Du Guesclin, p. 33, colonn. 1 et 2.)