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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/310

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SUR DU GUESCLIN.

recouvrer la liberté qu’il avoit perdue, comme nous avons dit, à la bataille de Cocherel. Il fut ravy d’embrasser Bertrand, son illustre vainqueur, entre les mains de qui le sort l’avoit fait tomber dans cette journée. Ces deux generaux se firent un plaisir de se raconter l’un à l’autre tous les dangers qu’ils avoient essuyez dans ces dernières guerres, et cette agreable reminiscence augmentoit la joye qu’ils avoient de se voir encore et de se regaler après tant de travaux. Le captal ménagea pendant ce temps quelque accommodement à la cour de France en faveur du roy de Navarre, qu’il reconnoissoit pour son maître et pour son seigneur ; mais toute cette negociation n’eut point de bonnes suites, puisque le feu se ralluma depuis entre ces deux princes avec plus d’ardeur que jamais. Le prince de Galles, fils d’Edoüard, roy d’Angleterre, l’attisa de son mieux pour fortifier son party ; car il faisoit pour lors son sejour à Bordeaux, d’où se répandant avec ses troupes dans toute la Guyenne, il y faisoit des dégâts et des ravages incroyables, s’emparant de toutes les places les plus considerables, et poussant les choses si loin qu’il se rendit à la fin le maître de toute cette belle province.

Le roy de Navarre, qui ne fit qu’une paix plâtrée, voulut témoigner au Roy que sa conduite étoit fort sincere, en luy faisant present d’un cœur de pur or, comme voulant luy donner par là le gage le plus certain de son inviolable fidélité. Bertrand, qui fut present à cette cérémonie, le conjura d’être à l’avenir un religieux observateur de la promesse qu’il faisoit, l’assurant que s’il la violoit il auroit tout le loisir de s’en repentir, et depuis il ne chercha plus que les