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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/309

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ANCIENS MÉMOIRES

appuis contre luy ; qu’il devoit être d’autant plus porté à entrer dans ce party, que la memoire de Charles de Blois étoit en benediction dans toute la chrétienté, depuis les miracles dont le ciel avoit voulu publier son innocence et sa sainteté.

En effet, on aura peine à croire ce qui se passa sur le tombeau de ce pauvre prince ; car celuy qui l’avoit tué dans la bataille, s’étant indiscrettement vanté d’avoir fait le coup, tomba dans une rage et dans une frenesie, dont il ne put jamais revenir, ny guerir, que ses amis ne l’eussent transporté sur la tombe de Charles à Guingan. L’homme revint dans son bon sens par les merites de ce prince, et se consacra depuis tout entier au service de cette église où l’on avoit inhumé son libérateur, tâchant d’expier, par la penitence, la sotte vanité qu’il avoit eüe de l’avoir tué. Mais pour revenir au traité qui fut fait entre le comte de Monfort et la duchesse de Bretagne, par le canal de l’archevêque de Rheims, il fut stipulé que cette veuve auroit le domaine de quelques villes et châteaux dans cette province, et que les prisonniers qu’on avoit fait dans la derniere bataille seroient delivrez en payant leur rançon. Cet accord remit en liberté le comte d’Auxerie, le vicomte de Rohan, Bertrand Du Guesclin et les autres.

Bertrand prit aussitôt le chemin de Paris pour venir offrir ses services au roy de France, qui luy fit un accueil tout plein d’honnêteté, le recevant comme un brave dont l’épée luy pouroit être un jour d’un fort grand secours. Le captal de Buc, qui restoit prisonnier en France, se tira d’affaire en rendant au Roy quelques châteaux qui luy servirent de rançon pour