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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/357

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ANCIENS MÉMOIRES

parties necessaires pour bien gouverner ; qu’il étoit violent, brutal, inconsidéré, cruel et sans religion, n’en ayant aucune que celle des juifs, ausquels il avoit donné son oreille et son cœur, n’ayant aucune deference que pour ces ennemis du christianisme, qui luy avoient fait commettre le meurtre de la reine Blanche, dont le sang crioit vengeance devant Dieu et devant les hommes ; que le prince Henry qui luy disputoit la couronne y avoit bien plus de droit que luy, puisqu’il étoit né d’une dame fort riche effort qualifiée, qu’Alphonse avoit fiancée devant que de l’approcher, et qu’il avoit toujours reconnuë depuis pour sa propre femme ; que d’ailleurs ce prince, outre la validité de son titre, avoit des qualitez qui le faisoient aimer de tout le monde, étant bon, honnête, humain, brave, liberal et pieux catholique ; que son avis étoit donc de le preferer à Pierre, et de l’honorer et le recevoir dans l’enceinte de leurs murailles comme leur souverain legitime, à la charge qu’il leur promettroit, sur les saints Évangiles, de les conserver dans leurs anciens usages et la joüissance de leurs privileges. Ce sentiment fut universellement bien reçu de tout le monde, et passa tout d’une voix dans ce conseil sans aucune contradiction.

Les choses étant arrétées et conclues de la sorte, on fut bien aise de sçavoir quel avoit été là dessus l’avis des Sarazins. L’archevêque leur demanda des deputez pour apprendre si leur opinion quadroit à la leur. Celuy qui fut depêché de la part de ce corps, déclara que leur assemblée l’avoit charge de les assûrer de sa part qu’ils n’avoient point d’autre intention que de suivre en tout les mouvemens qu’il leur plairoit