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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/358

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SUR DU GUESCLIN.

de leur inspirer là dessus. On se loüa fort d’une réponse si honnête et tout ensemble si soûmise. L’archevêque luy dit que toutes les voix ou plûtôt tous les cœurs étoient tournez du côté d’Henry. Le sarrazin luy répondit que toute leur assemblée avoit eu la même predilection pour ce prince. Il ne s’agissoit plus que de pressentir les juifs. Celuy que leur conseil avoit charge de la réponse, demanda devant, que de faire son rapport, que chacun fit serment de les laisser aller hors de la ville, avec toute la sécurité possible, en cas qu’ils trouvassent à propos de prendre ce party. La condition luy fut aussitôt accordée. Quand le juif eut par devers soy ce qu’il demandoit, il dit que, comme ils n’estimeroient pas un juif qui se feroit chrétien, de même ils n’estimoient pas un chrétien qui se faisoit juif, et qu’il les prioit de le dispenser de s’ouvrir plus avant, puis qu’il leur étoit aisé de faire l’application là dessus, que des gens bien sensez comme eux pouvoient faire fort facilement. Comme c’étoit sur la personne de Pierre que tomboit le denoüement de cet énigme, chacun fut ravy de voir que les trois sectes différentes n’avoient eu toutes qu’un même sentiment et reconnoissoient Henry pour leur roy.

Toute la ville étant donc résoluë de se rendre à ce prince, il fallut prendre des mesures pour luy faire part du dessein qu’ils avoient de se donner à luy. L’ambassade étoit un peu delicate ; car il étoit dangereux que Pierre ne fût informé de la défection de ceux de Burgos. On jetta les yeux sur deux Cordeliers, qui ne refuserent point de se charger de ce message et dont l’habit couvroit tout le soupçon. Ceux-cy ne