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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/359

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ANCIENS MÉMOIRES

manquerent point de se rendre avec leurs depêches à l’armée d’Henry, qui n’étoit qu’à dix lieües de là. Quand on vit approcher ces deux freres mineurs, on presuma que la commission qu’ils avoient ne pouvoit être que fort agreable. Le plus ancien porta la parole, et dit qu’il étoit chargé de la part de tous les habitans de Burgos, chrétiens, sarrazins et juifs, de presenter au prince Henry leurs soumissions, et de le prier de se rendre incessamment à cette grande ville, dont ils ne se contenteroient pas de luy ouvrir les portes, mais pretendoient encore l’y couronner avec toute la pompe et toute la ceremonie qui se sont toujours observées à l’égard des nouveaux rois d’Espagne, pourveu qu’il leur promît de ne donner aucune atteinte à leurs coutumes et leurs privileges. Henry, comblé de joye de recevoir une si agréable nouvelle, fit à ces cordeliers un accueil qui fut au dessus de leur attente même, les gratifia de fort beaux presens, et leur ordonna de retourner sur leurs pas à Burgos, pour en assurer les bourgeois de toute sa bienveillance, et leur declarer qu’il iroit le lendemain les voir en personne, et leur donner des preuves réelles de sa protection.

Les cordeliers, après avoir été bien regalez, reprirent le chemin de Burgos, et remplirent toute la ville d’une joye extrême par cette agreable nouvelle qu’ils y repandirent. Les Espagnols sortirent des portes en bon ordre, à la pointe du jour, pour venir à la rencontre de leur nouveau prince ; tout le clergé se mit en marche aussi, revétu fort magnifiquement et faisant porter devant soy la croix et la bannière, remerciant Dieu par des hymnes et par des cantiques