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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/367

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ANCIENS MÉMOIRES

point assez de commencer une affaire si l’on ne la poussoit jusqu’au bout en la couronnant qu’ils trouveroient dans ce même païs le champ large pour faire la guerre aux juifs et aux sarrazins ; qu’enfin, si l’on l’en vouloit croire, on iroit tout droit de ce pas attaquer Tolede pour y surprendre Pierre, qui se trouveroit pris au dépourveu. La Reine, charmée d’entendre un discours qui quadroit si fort à ses sentimens et à ses intérêts, ne se put tenir d’embrasser celuy qui prenoit son party d’une maniere si généreuse. Bertrand, le maréchal d’Andreghem, Hugues de Caurelay, Gautier Hüet, et tous les autres generaux se laisserent entraîner à l’avis du Besques.

Il fut donc résolu que dés le lendemain l’on marcheroit du côté de Tolede. Pierre fut bientôt informé de ce mouvement par un espion, qui vint à tuëcheval l’avertir qu’il alloit avoir sur les bras Henry, secondé de Bertrand et de la blanche compagnie : que la Reine y étoit aussi en personne, qui, par ses carresses et les attraits de sa beauté, les animoit tous à le venir assiéger dans cette grande ville. Pierre eut tant de frayeur de cette nouvelle, qu’il n’osa pas les attendre, et declara dans son conseil qu’il étoit résolu de sortir de Tolède plûtôt que d’y demeurer enfermé davantage. Il appella les principaux bourgeois pour leur faire entendre que sa retraite ne les devoit point alarmer, puis qu’elle ne tendoit qu’à revenir promptement sur ses pas pour leur amener du secours. Il les exhorta de se bien defendre et de luy garder durant son absence la fidelité qu’ils luy devoient, puis qu’ils avoient de bonnes murailles et des vivres pour plus d’une année, Ceux de Tolede luy promirent de demeurer toujours