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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/368

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SUR DU GUESCLIN.

inviolablement attachez à son service, et de tenir bon contre ses ennemis jusqu’à ce qu’il fût de retour avec le secours, qu’ils le prioient d’être le plus prompt qu’il luy seroit possible.

Les choses étant arrêtées ainsi de part et d’autre, Pierre ne songea plus qu’à partir au plûtôt, faisant charger sur des mulets son or, son aigent et ses meubles les plus riches et les plus precieux, sans oublier une table d’or d’un prix inestimable, et toute chargée de pierres précieuses et de fines perles d’Orient fort rondes et fort grosses, dans la quelle on avoit enchassé les portraits en or des douze pairs de France. On ajoûte que cette table que Pierre avoit en possession, portoit une grosse escarboucle au milieu des autres pierreries, à laquelle on donnoit deux proprietez admirables. La premiere c’est qu’elle luisoit la nuit avec autant de clarté que le soleil fait en plein jour ; la seconde, c’est que si l’on en approchoit du poison elle changeoit aussitôt de couleur et devenoit noire comme un charbon. Ce malheureux prince menant avec soy tout cet équipage, fit une traite de quinze lieües, et vint coucher à Cardonne, pour de là s’aller cacher dans une forest longue de cent lieües et large de quinze, tant il étoit épouvanté du peril qui le menaçoit. Henry, de son côté, continuant sa route, approcha de Tolede avec son armée. Tous les habitans de la campagne voisine se jetterent dedans avec tout ce qu’ils purent retirer de leurs biens, tant il y avoit de frayeur dans tout le plat païs.

Henry, devant que d’entreprendre un siege dans les formes, trouva bon de sonder les principaux bour-