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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/369

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ANCIENS MÉMOIRES

geois de la ville pour les pressentir s’ils seroient eloignez de capituler avec luy. Ce fut dans cet esprit qu’il envoya des passeports à ceux qui voudroient le venir trouver pour concerter quelque accommodement. L’evêque de Tolede fit assembler les plus notables bourgeois dans l’hôtel de ville, et leur exposa qu’il étoit tout evident que Pierre, ayant emporté tout ce qu’il avoit de plus precieux, n’avoit aucune pensée de retourner chez eux, encore moins de leur amener du secours : que cependant se voyans hors d’état de se bien defendre, ils devoient aviser au plûtôt à ce qu’ils avoient à faire dans un peril si eminent, et que s’ils étoient pris d’assaut, comme il n’en doutoit pas, il leur en coûteroit leurs biens et leurs vies ; qu’il étoit donc d’avis, pour prevenir un si grand malheur, qu’ils se rendissent au prince Henry, dont ils auroient plus de sujet de se loüer que de Pierre le Cruel, dont la domination leur avoit toûjours paru si tyrannique.

Son sentiment fut reçu de tout le monde avec une égale chaleur, et pour venir des paroles aux effets, on luy mit entre les mains les clefs de la ville, en le conjurant de partir incessamment pour les rendre en celles d’Henry. L’evêque se mit aussitôt en chemin, se faisant accompagner des bourgeois de la ville les plus riches et les plus distinguez. Il trouva sur sa route ce prince qui s’approchoit d’eux. Ce prelat fit son compliment au nom des habitans, à la tête desquels il étoit, et luy presenta les clefs de Tolède avec toute la soumission possible. Il luy témoigna qu’il étoit charge de luy faire hommage, et de le reconnoitre, de la part de tous les bourgeois de cette grande ville,