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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/373

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ANCIENS MÉMOIRES

monde le plus execrable sur la personne de la reine Blanche de Bourbon sa femme, dont Pierre étoit luy même l’auteur et le complice ; et qu’il avoit envie de leur faire expier par les flammes un crime si horrible. Il pria même ces deux deputez de luy faire l’amitié d’arréter ces deux meurtriers, en cas que Pierre prit le party de fuir de Cardonne comme il avoit fait auparavant de Burgos et de Tolede.

La nouvelle que ces deux envoyez donnerent à Pierre, que son ennemy luy demandoit pour otages sa propre fille et le comte Ferrand de Castres, l’alarma beaucoup, et luy fit bien comprendre que la proposition qu’il avoit faite ne seroit d’aucun succés. Elle gâta même si fort ses affaires, que ce comte qui luy avoit donné ce conseil, voyant qu’on le mettoit en jeu, craignit qu’on ne l’embarquât trop avant, et prit la resolution de quitter la cour de ce prince, de peur qu’il ne l’entraînât dans sa perte. Il se déroba secrettement de sa compagnie, sans luy témoigner le sujet de sa retraite et sans prendre congé de luy. Cette démarche peu civile étonna beaucoup ce malheureux prince, et luy fit dire qu’il voyoit bien que tout le monde l’abandonnoit. Il prit donc la resolution de sortir de Cardonne : mais avant que de faire ce pas, il en assembla les bourgeois, et les conjura de luy être fidelles, en n’imitant pas la defection de Burgos et de Tolède qui l’avoient lâchement trahy. Mais son evasion fit ouvrir les portes de Cardonne à Henry tout aussitôt que Pierre en fut sorty pour se rendre à Séville. Cette derniere ville régala ce prince fugitif de son mieux, et luy fit tous les honneurs qu’il devoit attendre de sa qualité : mais toute sa joye fut