Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
367
SUR DU GUESCLIN.

Ces deputez s’adresserent d’abord aux principaux commandans de l’armée, dont le Besque de Vilaines, Hugues de Caurelay et Olivier de Mauny, étoient des premiers. Ils les supplierent de la part de Pierre, qui les avoit envoyez auprés d’eux, de vouloir bien s’interesser dans la paix tant desirable entre les deux freres, aux conditions qu’on avoit déjà projettées, ajoutans que s’ils couronnoient cette affaire et vouloient tourner leurs armes contre Grenade ou Belmarin, que les juifs et les sarrazins possedoient, ce prince leur offroit trente mille Espagnols qui durant trois mois les serviroient gratuitement pour cette conquête.

Cette proposition surprit fort Henry, qui s’apperçut bien qu’elle tendoit à ruïner toutes les mesures qu’il avoit prises contre Pierre. Les seigneurs luy demanderent ce qu’il en pensoit ; il répondit que c’étoit un piege qu’on luy tendoit pour le faire tomber dans le précipice, et qu’on luy vouloit ôter toute la force qu’il avoit, en le privant de tous les braves qui avoient épousé sa querelle, afin d’avoir ensuite plus de prise sur luy ; qu’il entreroit volontiers dans le party qu’on luy proposoit, pourveu que Pierre luy donnât pour otages sa propre fille avec Ferrand de Castres, et cinquante bourgeois des plus riches. Les députez luy declarerent qu’ils n’avoient aucuns ordres, ny aucun caractere pour transiger là dessus avec luy. Ce prince ajouta qu’outre tous ces otages il vouloit encore que Pierre luy mît dans les mains Daniot et Turquant ses deux principaux affidez qui avoient tant de part à tous ses conseils, ou plûtôt les deux scélérats qui n’avoient point rougy de commettre le meurtre du