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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/376

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SUR DU GUESCLIN.

ceux qui faisoient le guet et la sentinelle sur le haut des murs, qu’ils eussent à luy faire ouvrir le guichet et qu’il avoit une affaire capitale à leur communiquer. On courut aussitôt à luy pour le faire entrer ; chacun de cette nation luy fit mille honnêtetez. On le mena devant les maîtres de la loy, qui luy demanderent le sujet de son arrivée si precipitée. Il leur exposa que Pierre étoit très-mal intentionné pour eux, et que s’ils ne prenoient contre luy de fort promptes précautions, ils ne pouroient pas eviter les funestes effets de son ressentiment. Il ajouta qu’il avoit déjà commencé de faire voir son mauvais courage, en le banissant de sa cour avec Daniot, soûs des menaces très-severes, et qu’ils devoient au plûtôt aviser ce qu’ils avoient à faire s’ils vouloient conserver leurs biens et leurs vies. Les plus considerables et les plus distinguez de cette nation, tout consternez d’une nouvelle si étrange, luy demandèrent à luy même quelles mesures il leur conseilloit de prendre dans une si fâcheuse conjoncture.

Il leur témoigna qu’il avoit déjà fait quelques avances là dessus en leur faveur, et qu’il avoit obtenu d’Henry qu’il ne leur seroit fait aucun tort s’ils luy donnoient l’entrée de leur fort, pour y mettre ses gens à couvert, en attendant qu’ils épiassent l’occasion d’attaquer la ville et d’y mettre tout à feu et à sang. Les juifs ne balancerent point à entrer dans ce dessein, quelque perfide et lâche qu’il fût, parce qu’ils ne pouvoient se sauver que par là. Le saint jour du dimanche fut choisy pour cette entreprise, parce que, semblables à leurs ancêtres, ils faisoient scrupule d’y travailler un samedy, jour du sabat, et n’en avoient point de vendre une ville et de livrer leur prince à ses ennemis. Tur-