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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/388

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SUR DU GUESCLIN.

les rangs dans ces sortes de combats il avoit toujours remporté l’avantage, et que tout le monde luy faisoit la justice de croire qu’il avoit eu beaucoup de part au gain que les Anglois avoient fait de la bataille de Poitiers. Cette repartie donna plus d’ardeur au Roy de le voir entrer dans cette carrière avec les autres ; et pour l’echaufer davantage à condescendre à son désir, il luy déclara qu’il destinoit un prix pour celuy qui feroit le mieux et sortiroit de cette lice avec plus de succés, que le plus adroit auroit pour recompense une belle mule qui valoit cent marcs d’argent, dont la selle étoit toute d’yvoire et le harnois d’or. Il la fît même mener soûs les fenêtres de son palais, afin que tout le monde la vît, et qu’elle excitât davantage l’envie de ceux qui seroient en competance pour remporter un si riche prix.

Le chevalier se promettoit de son expérience qu’elle ne luy échaperoit point. La nouvelle se répandit par toute la cour et toute la ville de Lisbonne qu’un Anglois devoit faire admirer sa force et son adresse dans le tournoy qui se feroit le lendemain, pour rendre les nopces de la princesse d’autant plus celebres. Ce spectacle extraordinaire attira sur la place tout ce qu’il y avoit de gens curieux pour être les témoins de la gloire ou de la honte de ce chevalier. Toutes les dames remplirent les balcons, les fenêtres et les échafaux, ayant encore plus d’envie d’attirer sur elles les yeux de tout le monde, que l’Anglois n’en avoit de faire admirer le talent qu’il avoit de bien manier un cheval et de le pousser contre un autre pour luy faire perdre les étriers et le renverser par terre. Les chevaliers qui devoient être de la partie parurent sur les