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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/393

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ANCIENS MÉMOIRES


CHAPITRE XX.


De la foudre du ciel qui tomba miraculeusement sur Daniot et Turquant, ces deux scelerats accusez du meurtre de la reine Blanche, et qui s’en voulurent purger en rejettant ce crime l’un sur l’autre, pour lequel on les fit combattre en champ clos.


Nous avons dit que ces deux juifs avoient rendu le prince Henry maître de Séville par leur perfidie. La recompense qu’ils en eurent fut une autorité presque souveraine qu’on leur accorda sur les bourgeois de la même ville, dont ils abuserent si fort qu’elle degenera bientôt en tyrannie. Les juifs se voyans soûs le joug de leurs compatriotes qui ne les traitoient pas mieux que les autres, voulurent le secoüer par une accusation qu’ils intenterent contr’eux, deposans qu’ils étoient les deux seuls auteurs de la mort de la reine Blanche, qu’ils avoient tuée sur son lit, tandis que cette princesse étoit toute seule enfermée dans sa chambre, faisant ses prieres à son Dieu dans le silence de la nuit. Henry qui connoissoit Daniot et Turquant par le seul endroit du bon office qu’il en avoit reçu quand ils avoient tramé la reddition de Seville en sa faveur, fut bien surpris quand il sçut qu’ils avoient été les deux conseillers, et tout ensemble les deux exécuteurs de l’ordre barbare que Pierre leur donna de taire mourir sa propre femme. Il les fit venir devant luy pour les interroger tous deux sur un crime