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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/394

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SUR DU GUESCLIN.

si noir, et les menaça de les faire tous deux brûler vifs s’ils luy cachoient la verité de ce detestable attentat. Daniot prit la parole et tacha de se disculper, en disant qu’il étoit bien vray que le roy Pierre l’avoit envoyé comme huissier pour autoriser cette execution par quelque forme de justice, mais qu’il avoit eu tant d’horreur d’un si cruel arrêt qu’il n’avoit pas osé seulement mettre le pied dans la chambre, s’étant contenté de se tenir à la porte après avoir essayé cent fois de détourner Turquant de commettre une si grande inhumanité ; qu’il étoit là pour rendre ce témoignage à la vérité sans rien déguiser de tout ce qui s’étoit passé.

Turquant se voyant chargé par son complice, luy donna le change, avoüant très sincèrement qu’ils avoient été tous deux les meurtriers de cette innocente princesse, et priant Henry de ne le point mettre à la gehenne pour en sçavoir tout le détail, puis qu’il se confessoit criminel et qu’il sçavoit bien qu’il ne pouvoit pas éviter le dernier supplice non plus que Daniot et six autres Juifs qui les avoient secondé pour faire ce coup execrable. Daniot l’interrompit en luy donnant un dementy, soutenant qu’il n’avoit point entré dans la chambre de cette princesse quand on la fit ouvrir, et qu’il devoit se souvenir de ce qu’il luy dit plusieurs fois que cette bonne et pieuse dame n’avoit point merité d’être si cruellement traitée. Turquant voyant que celuy-cy cherchoit à se tirer d’affaire contre sa propre conscience, qui luy devoit reprocher le crime qu’il avoit commis avec luy, s’éleva contre luy le traitant de menteur, d’impudent et d’effronté, ne pouvant comprendre le front qu’il avoit