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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/411

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ANCIENS MÉMOIRES

Pendant qu’ils faisoient tous deux toutes les reflexions necessaires sur l’assiette de leurs affaires, leurs espions leur vinrent dire que Guillaume Felton faisoit de grands ravages par tout où il passoit. Bertrand se mit en tête qu’on pouroit bien charger ces fourrageurs et les surprendre lors qu’ils y penseroient le moins. Après qu’il eut fait agréer cette resolution par le maréchal d’Espagne, ils se mirent en marche les enseignes baissées, de peur que les Anglois ne les découvrissent, et détacherent quelques coureurs (dont il y en avoit un qui sçavoit l’Anglois) pour reconnoître leur mouvement et se pouvoir aboucher avec eux avec moins de soupçon. Celuy-cy sous le privilege de sa langue se mêla dans les troupes de Guillaume Felton, qui venoit de faire un butin de prés de trois mille bêtes à cornes, dont il pretendoit ravitailler l’armée du prince de Galles qui mouroit de faim. Bertrand, voulant donner dessus, partagea son monde en trois bandes, qu’il mit en embuscade dans un bois ; mais il ne put si bien concerter son entreprise que les coureurs anglois, qui étoient alertes, ne découvrissent une partie de ses gens dans le mouvement qu’ils faisoient, dont ils allerent donner aussitôt avis à Guillaume Felton, qui leur demanda si les Espagnols qu’ils avoient apperçus étoient en grand nombre. Ils luy dirent qu’ils étoient pour le moins autant qu’eux. Felton déclara que si ces gens là n’étoient qu’Espagnols, il ne reculeroit pas pour eux, et qu’il esperoit en avoir bien meilleur marché que si c’étoient des François, parce que les premiers avoient plus de fierté que de bravoure, et que les seconds avoient l’un et l’autre. Il voulut sçavoir si Bertrand étoit de la