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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/412

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SUR DU GUESCLIN.

partie ; car il le craignoit beaucoup, et ne doutoit point que s’il tomboit une fois dans ses mains il auroit une peine incroyable à se racheter.

C’est ce qui luy fit donner de nouveaux ordres afin qu’on sçùt positivement à quelles gens il avoit à faire, si c’étoient Espagnols ou François. Les coureurs qu’il dépêcha pour en sçavoir la verité, rencontrerent le comte d’Aine, qui se détacha tout exprés pour leur demander ce qu’ils cherchoient. Ils luy dirent que Guillaume Felton les avoit envoyez pour sçavoir si Bertrand étoit là en personne. Le Comte répondit que non, que c’étoit luy seul qui, comme prince né d’Arragon, commandoit ce petit corps d’Espagnols qu’ils voyoient, et qui ne demandoient qu’à combattre contre les Anglois. Ce cavalier répondit qu’ils auroient bientôt satisfaction là dessus. Bertrand sçachant que Felton le croyoit fort loin de là, se tint à couvert dans son embuscade en attendant l’occasion de faire une sortie sur son ennemy. Les Anglois se persuadans que la défaite des Espagnols ne leur coûteroit pas beaucoup, se presenterent en bataille comme s’ils marchoient à une victoire certaine, et quand ils se virent assez prés des Espagnols, ils mirent pied à terre, faisans voltiger leurs enseignes et leurs drapeaux avec une fierté de conquerans. Les Espagnols firent aussi de leur côté fort bonne contenance. Ces deux petits corps d’aimée se tinrent si serrez qu’ils ne pouvoient entrer l’un dans l’autre, et disputerent longtemps le terrain pied à pied sans qu’on pût sçavoir à qui demeureroit l’avantage, quand Bertrand fit une irruption sur les Anglois à la sortie de son embuscade, et les prit en flanc avec tant de furie qu’il