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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/418

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SUR DU GUESCLIN.

et ses gens, pour leur déclarer que s’ils refusoient la bataille, on les viendroit charger jusques dans leurs retranchemens. Cet homme fut à toute jambe prés de Navarrette, où rencontrant Henry, Bertrand, le comte d’Aine, le maréchal d’Andreghem, Guillaume de Lannoy, Guillaume Boitel, le maréchal d’Espagne et tous les autres commandans, il leur annonça mot pour mot tout ce qu’il étoit chargé de leur dire, et les pria de luy donner là dessus une prompte réponse. Bertrand luy voulant donner le change, luy demanda s’ils n’avoient pas bien faim dans leur camp, ajoûtant que s’il en avoit été crû, l’on les auroit tous fait périr sans être obligé de combattre ; mais qu’il n’étoit plus temps de prendre contre eux ce party. Le trompette luy repondit : Par ma foy, il n’y a celui en nostre ost, qui n’eust bien tost mengié deux œufs pelez, se il les tenoit. Bertrand ne se pouvant tenir de rire, luy fit aussitôt apporter du vin qui fut un grand regal pour luy. Quand il en eut bien beü, Guesclin voulut sçavoir ce que, dans le camp des Anglois, pouroit bien coûter une bouteille de semblable vin. Le cavalier luy dit de bonne foy qu’ils n’en avoient point, et qu’on n’étoit pas en peine d’y faire choix du bon ou du mechant, puisque le jour même de Pâques, qui seroit le lendemain, l’on n’y en boiroit point du tout. Enfin Bertrand, pour ne le point retarder d’avantage, luy commanda de dire au prince de Galles qu’on ne refusoit point le combat, et qu’on luy donneroit là dessus plus de satisfaction qu’il n’en esperoit. Il rangea tout aussitôt ses troupes en bataille. Il choisit dix mille Espagnols des mieux faits, qu’il posta fort avantageusement, mettant tout exprés une rivière à leur dos pour leur faire