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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/421

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ANCIENS MÉMOIRES

laquelle il partit de la main avec le Besque de Vilaines pour l’aller dégager ; mais ils furent agreablement surpris quand ils le virent revenir sur ses pas pour les réjoindre. Guesclin prit la liberté de lui dire qu’il ne devoit pas hasarder ainsi sa vie comme celle d’un simple soldat, et qu’il falloit qu’un prince comme luy travaillât à se ménager davantage. Mais Henry luy fit connoître qu’il aimoit mieux se faire tuer dans une bataille que de se laisser prendre, de peur que Pierre ne luy fît en suite porter sa tête sur un échafaut. Chandos, à la tête de ses Anglois, faisoit cependant les derniers efforts contre les Espagnols qu’il ouvrit à force de dards et de flèches. Bertrand qui vit le peril de leurs troupes, tourna tout aussitôt de ce côté là, suivy de ses sept cens hommes, et se mêla bien avant dans la bataille, se faisant passage à grands coups de sabre, et charpentant par tout avec tant de rage et de furie, qu’il abbattoit tout ce qui se trouvoit sous l’effort de son bras. Les gens qui le suivoient, animez d’un si grand exemple, se jettoient à corps perdu sur leurs ennemis, et se faisoient jour au travers de tous les obstacles qui se presentoient, si bien qu’il sembloit que ce fût une troupe de lions déchaînez qui ne respiroient que le sang et que le carnage.

Le captal de Buc qui les apperçut se souvint de la bravoure qu’ils avoient fait paroître à la bataille de Cocherel où il avoit été pris, et, craignant de tomber dans le même malheur il défendit à ses gens d’éprouver leurs forces contre ces gens là, leur commandant de tourner leur pointe contre les Espagnols, dont ils auroient meilleur marché que de ces François qu’il étoit impossible d’entamer, ny de rompre. Cette pe-