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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/422

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SUR DU GUESCLIN.

tite troupe se signala plus toute seule, sous la conduite de Bertrand, du Besque de Vilaines, de Guillaume Boitel et du maréchal d’Andreghem que tout le reste de l’armée. Jean de Chandos faisoit aussi beaucoup de fracas contre les Espagnols, dont il fit une grande boucherie suivy de ses Anglois. Mais le maréchal d’Espagne arréta sa fougue et sa saillie par un coup d’épée dont il renversa mort par terre son chambellan, pour lequel il avoit une affection toute particulière. Ce malheur le jetta dans une si grande rage qu’il fit attaquer ce maréchal de tous cotez, et l’on s’acharna si fort sur luy qu’il fut bientôt abbattu par terre : dont il ne se seroit jamais relevé, s’il n’eût été promptement secouru par Henry, qui, le voyant dans ce peril, poussa son cheval et fendit la presse pour venir à luy, ce qu’il fit avec tant de succés, qu’il le remit bientôt sur ses pieds, en luy témoignant l’estime qu’il faisoit de son courage et de sa valeur ; et tous deux repousserent Chandos assez loin, soutenus de quelques braves qui ne les abandonnoient point.

Le prince de Galles voyant le combat assez engagé voulut être de la partie, s’avançant avec ses gens et faisant sonner ses trompettes d’argent, dont le bruit s’étendoit bien loin, disant qu’il vouloit exposer sa vie pour remettre la couronne sur la tête du roy Pierre, qu’un bâtard luy avoit ravy. Il apperçut toute la cavalerie espagnole qui se tenoit fort serrée. Ce fut à elle qu’il voulut aller, enseignes déployées où l’on voyoit arborez les lys de la France et les leopards d’Angleterre. Il étoit accompagné du roy Pierre, du comte d’Armagnac, du sire d’Albret, des sénéchaux de Poitiers et de Bordeaux, du sire de Muci-