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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/140

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que la rudesse de son esprit lui en faisoit perdre beaucoup d’autres ; que, outre son propre naturel qui le portoit à traiter incivilement avec tous ceux qui étoient au-dessus de lui, il en usoit ainsi pour avoir droit d’être peu civil avec elle ; qu’il avoit vécu de cette sorte avec le feu Roi, qui le souffroit, tant par une bonté extraordinaire, que parce qu’il estimoit que cette humeur barbare effarouchoit ceux qui autrement l’eussent accablé d’importunités et de demandes ; mais que la saison ne permettoit plus ni les contestations d’un tel esprit envers son maître, ni les offenses que chacun recevoit, plus de l’aigreur de ses refus que des refus mêmes ; que, bien qu’il agît avec peu de prudence dans les affaires, il ne laissoit pas néanmoins de s’attribuer la gloire et les effets des bons conseils qui ne venoient pas de lui ;

Qu’au reste, s’il avoit bien fait les affaires du Roi en son administration, il n’avoit pas oublié les siennes, ce qui paroissoit d’autant plus clairement, qu’étant entré avec six mille livres de rente[1] en la charge, il en sortoit avec plus de cent cinquante mille ; ce qui l’avoit obligé à retirer de la chambre des comptes la déclaration de son bien, qu’il avoit mise au greffe quand il entra dans les finances, afin qu’on n’eût pas de quoi justifier par son propre seing qu’il eût tant profité des deniers du Roi.

Ils ajoutèrent qu’il étoit à propos d’éteindre la qualité de surintendant des finances, qui donnoit trop d’autorité à celui qui en étoit pourvu, et qu’il valoit mieux diviser cette charge à plusieurs personnes de

  1. Qu’étant entré avec six mille livres de rente : ces assertions sont réfutées dans les Œconomies royales.