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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/142

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bien que le plus qu’ils peuvent appréhender est la diminution de leur fortune.

La Reine, lui redemandant sa charge, lui demanda aussi le gouvernement de la Bastille, dans laquelle étoient les finances du Roi.

Bien que ce coup ne le surprît pas à l’imprévu, et qu’il le vît venir de loin, il ne put toutefois composer son esprit en sorte qu’il ne le reçût avec foiblesse.

Il céda parce qu’il falloit obéir, mais ce fut avec plaintes ; et sur ce que la Reine lui fit dire qu’il lui avoit plusieurs fois offert de se démettre de ses charges, il répondit qu’il l’avoit fait ne croyant pas qu’on le dût prendre au mot. Il demanda d’abord d’être récompensé ; puis, revenant à soi et s’apercevant de sa faute, il se plaignit des offres qu’on lui fit sur ce sujet, comme s’il n’y eût pas donné lieu par ses demandes.

Il est vrai qu’on n’avoit autre intention que de lui faire un pont d’or, que les grandes ames souvent méprisent lorsqu’en leur retraite ils peuvent eux-mêmes s’en faire un de gloire.

On a vu peu de grands hommes déchoir du haut degré de la fortune sans tirer après eux beaucoup de gens ; mais la chute de ce colosse n’ayant été suivie d’aucune autre, je ne puis que je ne remarque la différence qu’il y a entre ceux qui possèdent les cœurs des hommes par un procédé obligeant et leur mérite, et ceux qui les contraignent par leur autorité.

Les premiers s’attachent tellement leurs amis, qu’ils les suivent en leur bonne et mauvaise fortune, ce qui n’arrive pas aux autres.

Pendant que ces choses se passent à la cour, le