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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/145

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sur le point de partir malcontent de la cour, on lui donna charge de veiller aux actions de M. le prince ; et on lui fit force caresses en partant.

Le temps de l’assemblée de Saumur étant arrivé, chacun la considéroit comme un orage qui menaçoit la France ; mais la bonace fut bientôt assurée, et les mauvais desseins des esprits factieux, qui pour profiter de nos malheurs avoient entrepris en cette assemblée de prendre les armes, furent dissipés.

Pour mieux comprendre ce qui se passa en cette assemblée, il faut remarquer qu’aussitôt que le feu Roi fut mort, ceux de la religion prétendue réformée commencèrent à considérer les moyens qu’il y auroit de profiter du bas âge du Roi, et de l’étonnement auquel tout l’État étoit par la perte d’un si grand prince. Pour parvenir à leurs desseins, ils poursuivirent une assemblée générale, et en firent d’autant plus d’instance, que le temps auquel il leur étoit permis par l’édit de 1597 de la demander pour nommer leurs députés généraux, échéoit cette année.

La Reine-mère, qui avoit été déclarée régente, et le conseil qui étoit auprès d’elle, jugèrent bien qu’ils ne manqueroient point de faire des cahiers, par la difficulté ou impossibilité desquels ils réduiroient les choses aux extrémités ; tellement qu’afin de gagner temps on ne leur bailla point de brevet pour s’assembler cette année-là, mais seulement pour la suivante, que l’on comptoit 1611, et ce en la ville de Saumur.

Or il est à remarquer que le malheur de la mort du Roi trouva M. de Sully dans l’emploi, et M. de Bouillon éloigné de la cour. Ainsi celui-là favorisoit les