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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/150

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Le duc de Bouillon, après plusieurs assemblées qui se faisoient de part et d’autre, estima que le seul remède qui se pouvoit trouver en un tel désordre, étoit qu’il plût au Roi envoyer pouvoir à ceux de son parti, dont les principaux étoient Châtillon, Parabère, Brassac, Villemade, Guitry, Bertichères, jusqu’au nombre de vingt-trois, de recevoir les cahiers répondus par Sa Majesté, et nommer leurs députés en cas que les autres ne le voulussent faire.

Cette dépêche étant venue de la cour, ceux du parti contraire furent tellement transportés de colère et de rage contre ce nombre de gentilshommes, qu’à la séance où il faut dire absolument oui ou non, le gouverneur, qui étoit président, fit cacher des mousquetaires au-dessus de sa chambre où l’on étoit, pour mettre main basse si le petit nombre ne s’accordoit au plus grand. Mais celui-là, composé de personnes de qualité, se résolut à se bien défendre, et ceux qui en étoient, étant non-seulement entrés avec hardiesse en l’assemblée, mais ayant fait mettre tous leurs amis dans la basse-cour pour courir à eux au premier bruit qu’ils entendroient, firent que les autres se rattiédirent en leur chaleur, et finalement consentirent le 3 de septembre à la nomination des députés, et ensuite à la séparation de l’assemblée, avec tel mal de cœur toutefois, qu’ils résolurent ensemble que chaque député de ceux qui étoient à leur dévotion s’en iroit en sa province, et y feroit trouver mauvais, autant qu’il lui seroit possible, le procédé du parti contraire et celui de la cour, afin qu’on renouât une assemblée, ou qu’on cherchât, par le moyen des cercles qu’ils avoient introduits, quelque nouveau