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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/164

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retenir. J’interromprai un peu le fil de mon discours, pour dire que depuis que ce prince se fut remis en l’obéissance du feu Roi, il le servit toujours fidèlement. Il rendit preuve au siége d’Amiens de son affection et de sa capacité, lorsque le Roi voulant par son courage donner bataille aux Espagnols, il le lui déconseilla sagement, disant que, puisqu’il n’étoit question que de la prise d’Amiens qu’ils lui abandonnoient en s’en retournant, il mériteroit d’être blâmé si, par le hasard d’un combat, il mettoit en compromis sa victoire, qui autrement lui étoit entièrement assurée.

Il voyoit peu le Roi, tant à cause des choses qui s’étoient passées, que de son âge et de la pesanteur de son corps, étant fort gros ; cependant Sa Majesté l’avoit en telle estime, qu’étant malade à Fontainebleau d’une carnosité qui le pensa faire mourir en 1608, elle le nomma à la Reine pour être un des principaux de ceux par le conseil desquels elle se devoit gouverner.

Il ne trompa point le Roi au jugement qu’il fit de lui ; car, en voyant après sa mort les princes et les grands qui demandoient augmentation de pensions, il leur dit franchement en plein conseil qu’il leur étoit fort malséant de vouloir rançonner la minorité du Roi, et qu’ils devoient s’estimer assez récompensés de faire leur devoir en un temps où il sembloit qu’on ne pût les y contraindre. Étant à l’extrémité, il donna la bénédiction à son fils à deux conditions : la première, qu’il demeureroit toujours en la religion catholique ; la seconde, qu’il ne se sépareroit jamais de l’obéissance du Roi. Il mourut au commencement d’octobre.