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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/198

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promptement exécutée ; l’ambition du marquis d’Ancre la retarda et la perdit. Il ne vouloit pas chasser le chancelier sans en mettre un autre à sa place qui fût à sa dévotion : sa femme lui proposoit le sieur de Roissy. Il ne l’eût pas eu désagréable, mais Dolé l’en dissuadoit, et M. de Bouillon aussi, qui le haïssoit, se sonvenant qu’autrefois il s’étoit chargé de la commission de saisir ses terres de Limosin.

Pendant ce différend, sa femme et lui ne se pouvant accorder du choix de la personne, la Reine changea de volonté, et y fut portée par l’imprudence du parti de M. le prince et du marquis d’Ancre. À peine se virent-ils en cette nouvelle autorité, que M. le prince, aspirant à un pouvoir déraisonnable en l’État, demande le gouvernement de la ville de Bordeaux et du Château-Trompette.

Le marquis d’Ancre et sa femme, qu’on estimoit avoir grand pouvoir sur son esprit, se chargent de le servir en cette occasion : ils appuient ses prétentions, et font tous leurs efforts pour gagner l’esprit de Leurs Majestés, mais ils ne peuvent rien obtenir par la force de leurs persuasions ; et si leur travail est vain pour celui qu’ils favorisent, il est grandement préjudiciable pour eux-mêmes ; car les ministres, qui étoient quasi tous ruinés, et à l’insu desquels la Reine résolvoit beaucoup d’affaires avec M. le prince, desquelles elle leur parloit seulement puis après, prirent cette occasion à propos pour commencer à se remettre bien dans son esprit. Ils la font supplier de leur donner audience en particulier, et qu’ils ont choses de grande importance à lui dire, qu’ils ne veulent communiquer qu’à elle seule ; elle donne