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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/215

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une telle précipitation, que l’agent du duc de Mantoue, qui étoit à Milan, n’eut pas loisir d’avertir son maître du traité pour recevoir pouvoir de lui de l’accepter, bien que par après ledit duc l’eût agréable.

Ce qu’ils convinrent, fut qu’à la semonce de Sa Sainteté, et pour obéir aux commandemens de l’Empereur et de Sa Majesté Catholique, le duc de Savoie dans six jours remettroit, entre les mains des commissaires de l’Empereur et du roi d’Espagne, les places qu’il avoit prises dans le Montferrat, afin qu’ils les rendissent au duc de Mantoue ; ce qui fut exécuté.

En même temps qu’en Italie ils en étoient aux armes, ils étoient en Angleterre dans les réjouissances du mariage de leur princesse avec le prince Frédéric, devenu depuis peu, par la mort de son père, électeur Palatin. Ils se fiancèrent, comme nous avons dit, sur la fin de l’année passée ; ils accomplissent le mariage le 18 de février de la présente, et, après toutes les solennités accoutumées en semblables occasions, ils partent de Londres, s’en vont en Hollande, où ils sont reçus magnifiquement, arrivent à La Haye le 28 de mai ; de là ils s’en vont prendre possession de leur État, où ils seroient heureux si, renfermant leurs désirs dans les bornes de leur condition, et la princesse se souvenant d’être descendue de celle de sa naissance en celle de la naissance de son mari, ils ne concevoient des espérances injustes et peu modérées, lesquelles enfin se termineront à leur honte et à la perte et à l’anéantissement même de ce qu’ils sont.

Il leur eût été à désirer de mourir alors, et de ne pas attendre les années suivantes, auxquelles tant de disgrâces leur arrivèrent. Il ne l’eût pas été moins