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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/216

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à Sigismond Battory d’être parti de ce monde auparavant que de s’être fié à l’Empereur, et avoir, en punition de sa crédulité, perdu non-seulement la possession de ses États, très-grands et très-beaux, mais de sa gloire qui n’étoit pas moindre, et enfin de sa liberté.

Ce prince, ayant été élu en sa jeunesse prince de la Transylvanie, fit la guerre au Turc, et remporta de grandes et signalées victoires sur lui ; mais à la longue, ses forces n’étant pas suffisantes pour empêcher que, nonobstant ses victoires, les armées que le Grand-Seigneur envoyoit les unes après les autres contre lui ne fissent beaucoup de dégât en son pays, il se laissa persuader de remettre son État entre les mains de l’empereur Rodolphe, qui s’en serviroit plus avantageusement comme d’un boulevart pour la chrétienté, de laquelle il emploieroit les forces pour le garder, et endommager l’ennemi commun. On lui promet en récompense une grande principauté en Allemagne ; il y va, il se voit trompé. À peine lui donne-t-on de quoi s’entretenir comme un simple seigneur de quelque qualité ; encore veille-t-on sur ses actions, et le tient-on en quelque sorte de garde. Il se repent de sa faute, il s’évade, il gagne la Transylvanie, où il est reçu à bras ouverts, l’Empereur y étant haï à cause de la rudesse inaccoutumée de son gouvernement. Georges Battory est envoyé contre lui ; il se défend courageusement, et a l’avantage en beaucoup de rencontres ; a une armée aussi puissante que la sienne et l’amour des peuples, aidé de la réputation de ses premiers exploits. Mais des religieux lui remontrant le dommage qu’il apporte à