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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/260

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malveillans avoient mal interprété ; qu’il supplioit la cour de perdre à jamais la mémoire ce qui s’étoit passé ; qu’il les honoroit et étoit en volonté de les servir en général et en particulier.

Si le duc d’Epernon fit peu de compte du Roi et de son parlement, le maréchal d’Ancre n’en fit pas davantage de l’assemblée des États, que l’on publioit être pour mettre ordre aux confusions qui étoient dans le royaume, et principalement à celle qui étoit dans les finances, dont la plupart des autres tiroient leur origine ; car, lorsque l’on parloit de modérer l’excès des dépenses du Roi, il fit impudemment créer des offices de trésoriers des pensions, dont il tira dix-huit cent mille livres.

Les huguenots aussi, en la ville de Milhaud, se soulevèrent la veille de Noël contre les catholiques, les chassèrent de la ville, entrèrent dans l’église, y brisèrent le crucifix, les croix et les autels, rompirent les reliquaires, et, ce qui ne se peut écrire sans horreur, foulèrent le Saint-Sacrement aux pieds, duquel excès et sacrilége il ne fut pas tiré grande raison.

Tandis qu’en France nos affaires étoient dans cet état, et que la Reine, d’un côté, étoit occupée à garantir le royaume de la mauvaise volonté des grands, et d’autre part s’y comportoit avec tant de foiblesse, la puissance d’Espagne se faisoit craindre en Italie, et se fortifioit en Allemagne. En Italie, nonobstant que le marquis de Cœuvres y eût laissé les affaires en train d’accommodement, l’ambition néanmoins du duc de Savoie en continua non-seulement le trouble, mais l’augmenta, en ce que les Espagnols