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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/294

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pas encore entendre de ne vouloir pas suivre Leurs Majestés, essayoit néanmoins de leur faire trouver bon de différer quelque temps leur résolution, en laquelle, comme étant importante, il disoit n’être à propos d’user de précipitation. Mais, quand il fut une fois parti de la cour et les autres princes aussi, et qu’il fut à Creil, il dit tout hautement qu’il ne consentoit point à ce voyage, et qu’il n’y suivroit point le Roi si on ne le différoit en un temps où il pût être maître de ses volontés, ses sujets fussent plus contens, ses voisins plus assurés, et toutes choses avec sa personne disposées au mariage.

Les ministres furent divisés en leur opinion. M. de Villeroy et M. le président Jeannin sont d’avis qu’on diffère, et qu’on défère à M. le prince ; le chancelier, au contraire, presse fort le partement. Ledit sieur de Villeroy n’étoit pas si bien avec la Reine qu’il étoit l’année précédente, d’autant que la maréchale d’Ancre s’étoit remise en la bonne grâce de Sa Majesté à son retour du voyage de Nantes, et avoit remis en son esprit le chancelier. Ce qui faisoit que M. de Villeroy conseilloit de retarder le voyage, c’étoit le regret qu’il avoit que la Reine eût donné, durant les États, au commandeur de Sillery la commission de porter, de la part du Roi, le bracelet que Sa Majesté envoyoit à l’Infante, dont ledit sieur de Villeroy désiroit que le sieur de Puisieux fût le porteur.

Le maréchal d’Ancre, qui étoit en froideur avec ledit sieur de Villeroy, et principalement depuis la paix de Mézières, à laquelle il s’étoit ardemment opposé, et que plusieurs occasions dans les États augmentèrent encore, lui fit recevoir ce déplaisir, ne