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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/296

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l’État, mais ayant l’œil seulement à sa sûreté et conservation.

Maintenant un nouveau sujet l’obligeoit à être de l’avis de la paix, et différer le partement de Sa Majesté, d’autant qu’il espéroit que messieurs le prince et de Bouillon porteroient M. de Longueville à l’accommoder du gouvernement de Picardie qu’il désiroit, et recevoir en échange celui de Normandie qui étoit en sa puissance. Mais ni toutes les raisons du sieur de Villeroy et du président Jeannin, ni la faveur du maréchal, ne purent faire incliner l’esprit de la Reine à leur avis, tant elle avoit le mariage à cœur, et lui sembloit qu’il y alloit de son honneur et de l’autorité du Roi à l’accomplir ; joint que M. le chancelier trouva moyen d’arrêter l’opposition dudit maréchal d’Ancre, M. d’Epernon et lui lui promettant que la Reine lui donneroit le commandement de l’armée qu’elle laisseroit ès provinces de deçà pour s’opposer à celle des princes.

Elle commença lors à se plaindre tout ouvertement dudit sieur de Villeroy, de ce qu’au lieu d’avancer cette affaire selon son intention, il traitoit avec l’ambassadeur d’Espagne pour la reculer, et tout cela pour son propre intérêt, ayant dessein de gagner temps pour se pouvoir auparavant établir en créance auprès du Roi, et y affermir les sieurs de Souvré et le marquis de Courtenvaux, afin que les mariages s’achevant, ils en reçussent seuls tout le gré de Sa Majesté.

Ces plaintes de la Reine, et la presse que de jour en jour le roi d’Espagne faisoit d’autant plus grande, pour l’exécution de ces mariages, qu’il se doutoit