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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/311

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lieutenant civil qu’il avoit eue, et croyoient qu’il eût intelligence particulière avec M. le prince, à cause des fréquentes visites qu’il en avoit reçues à Charonne, et qu’il lui avoit rendues à Saint-Maur.

Avec le Roi partirent M. de Guise, le chancelier et M. d’Epernon, qui avoit lors tel crédit auprès de la Reine, qu’elle se reposoit entièrement sur lui, tant pour la conduite du Roi et d’elle en ce voyage, que pour la disposition des armes qu’il falloit opposer aux princes.

Les ducs de Nevers et de Vendôme accompagnèrent seulement le Roi hors de Paris, où ils revinrent le même jour ; le premier pour aller faire quelques troupes et les conduire à Sa Majesté ; ce qu’il ne fit pas néanmoins, mais tout le contraire, comme nous verrons ci-après.

La maréchale d’Ancre, dont l’esprit mélancolique étoit tout abattu de courage pour la résolution du voyage que la Reine avoit prise contre son gré, et la mauvaise chère qu’il lui sembloit qu’elle lui faisoit, et pour l’indisposition perpétuelle en laquelle les personnes de son humeur pensent être, étoit résolue de demeurer à Paris ; mais le sieur de Villeroy et le président Jeannin (le premier dit qu’il étoit demeuré d’accord avec les princes qu’ils devoient prendre les armes, les assurant qu’étant auprès de la Reine il les assisteroit en ce qu’il pourroit), et les lettres continuelles qu’elle recevoit de son mari, lui remontrèrent si bien qu’elle donnoit elle-même le dernier coup à sa ruine, si elle n’accompagnoit la Reine en ce voyage, et que l’absence, qui éteint les amitiés, principalement celle des grands, l’éloigneroit telle-