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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/356

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roit ceux qu’ils éliroient ; car par ce moyen ils se chargeroient de l’envie, chacun jugeant bien que Leurs Majestés auroient été violentées en cette occasion.

M. le prince et M. de Mayenne étant assemblés chez M. de Bouillon, pour attendre la résolution de la Reine sur ce sujet, Barbin même la leur porta, dont ils furent si étonnés qu’ils commencèrent à se regarder l’un l’autre. M. le prince, selon la promptitude ordinaire de son naturel, se leva de sa chaise, et se prenant à rire, et se frottant les mains, s’adressa à M. de Bouillon, et lui dit : « Il n’y a plus rien à dire à cela, nous avons sujet d’être contens ; » par où il paroissoit bien que c’avoit été à son instigation qu’on avoit fait cette poursuite. M. de Bouillon, se grattant la tête, ne répondit un seul mot ; mais Barbin étant sorti, il dit à ces messieurs qui étoient assemblés, qu’il voyoit bien que cet homme-là leur donneroit trente en trois cartes, et prendroit trente et un pour lui, c’est-à-dire qu’il feroit, par son artifice, qu’ils auroient toutes les apparences de contentement, et qu’il en garderoit la réalité pour lui-même. Cela leur faisoit d’autant plus presser l’exécution de leur dessein contre le maréchal d’Ancre, auquel M. le prince, quelque promesse d’amitié qu’il eût faite au maréchal, se joignit, bien que froidement et quasi contre sa volonté ; mais la crainte de perdre ces messieurs pour amis prévalut à toute autre considération.

Pour arrêter les moyens qu’il falloit tenir pour cela, ils résolurent de s’assembler, et choisirent la nuit pour le pouvoir faire plus secrètement, bien que ces assemblées nocturnes ne laissèrent pas d’être remarquées et soupçonnées ; mais l’arrivée à la cour de