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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/357

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milord Hay, ambassadeur extraordinaire d’Angleterre, leur vint tout à propos ; car, sous ombre de lui faire des festins, ils s’assembloient et traitoient de cette affaire.

M. le prince, les ducs de Guise, de Mayenne et de Bouillon, étoient ceux qui en avoient le principal soin. Le duc de Nevers en avoit une générale connoissance, car ils n’osèrent pas la lui ôter tout-à-fait ; mais ils ne lui faisoient pas néanmoins part des conseils secrets, d’autant qu’ils avoient peur qu’il les découvrît, sous espérance d’être assisté plus fortement de l’autorité de la Reine, pour faire réussir son affaire de l’institution des chevaliers du Saint-Sépulcre, par laquelle il se promettoit de se faire empereur de tout le Levant.

Il vouloit démembrer de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem celui du Saint-Sépulcre, s’en faire grand-maître, et espéroit, en se faisant aider de quelques intelligences qu’il avoit en Grèce, et de l’affection que tous les Grecs lui portoient, pour ce qu’il disoit être descendu d’une fille des Paléologues, mettre un nombre assez suffisant de vaisseaux sur mer pour s’emparer de quelques places fortes dans le Péloponèse, et les défendre assez long-temps pour attendre le secours des chrétiens, et pousser avec leur faveur ses progrès plus avant.

Bien que cette entreprise fût mal fondée et sans apparence à ceux qui étoient tant soit peu versés en la connoissance des affaires du Levant, néanmoins, comme les choses les moins raisonnables réussissent quelquefois, et que le peu d’attention qu’on a souvent dans le conseil des grands rois à une affaire