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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/363

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et infamie ; qu’elle étoit plus obligée à maintenir la succession de ses enfans qu’à chercher son repos ; que toute l’Europe l’accuseroit d’avoir manqué de naturel et de courage, quittant le gouvernement en un temps où on prévoyoit une si grande tempête.

Ces considérations la persuadèrent, mais à condition qu’elle en parleroit encore une fois au Roi ; ce qu’elle fit en présence des sieurs Barbin, Mangot et de Luynes, où elle le conjura de reprendre en main la conduite de ses affaires ; qu’il étoit déjà grand, et pourvu des qualités nécessaires pour régner heureusement ; qu’il avoit un conseil composé de personnes portées avec passion à l’affermissement de son autorité, ou, en cas qu’il désirât y apporter quelque changement, un État abondant en hommes ; que ce lui seroit une gloire immortelle si, à la sortie de son enfance, il s’occupoit à commander à des hommes, si, en l’âge où les autres suivent les plaisirs défendus, il s’abstenoit même de ceux qui sont honnêtes et permis pour faire valoir sa puissance, que Dieu lui avoit commise.

Luynes, en qui le Roi avoit déjà une entière confiance, la supplia de laisser une pensée si contraire au bien public et à la sûreté de son maître ; qu’elle avoit trop d’intérêt en la conservation de ces deux choses pour en abandonner le soin en une saison où rien n’empêchoit de faire mal, que le respect de son nom et la générosité de ses conseils.

Peut-être que les maux qui sembloient se préparer dans l’État lui faisoient croire la subsistance de la Reine nécessaire, principalement dans le peu d’expérience qu’il avoit des affaires ; peut-être aussi qu’il ne désiroit pas qu’elle s’éloignât de la sorte, parce qu’en