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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/364

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demeurant près du Roi, elle auroit toujours plus d’autorité que son ambition et ses desseins ne pouvoient pas souffrir qu’elle eût.

À quelque fin qu’il lui parlât, elle se soumit à ce que le Roi désira d’elle par sa bouche, et lui dit qu’elle ne pouvoit dissimuler que, bien qu’il y eût beaucoup de peine au maniement des affaires, beaucoup d’ennemis à acquérir pour son service, rien ne l’avoit dégoûtée de cet emploi que la jalousie qu’on lui avoit voulu donner de son gouvernement, et les inventions dont on usoit pour lui rendre ses actions moins agréables ; mais que s’il vouloit qu’elle fît avec contentement ce qu’elle n’entreprenoit que par obéissance, elle désiroit à l’avenir partager avec lui les fonctions de la charge, en prendre la peine et lui en laisser la gloire, se charger des refus et lui donner l’honneur des grâces ; qu’elle le prioit, à cette fin, de disposer de son mouvement des charges qui viendroient à vaquer, et d’en gratifier les personnes dont la fidélité et l’affection lui étoient connues ; que si, entre autres, il vouloit récompenser les soins que M. de Luynes apportoit auprès de lui par de nouveaux bienfaits, il n’avoit qu’à commander, et ce avec d’autant plus de liberté que la franchise dont il useroit lui seroit une preuve qu’il avoit satisfaction de sa conduite ; que, quelque opinion qu’on lui veuille donner de ses déportemens, elle ne manquera jamais à ce que doit une reine à ses sujets, une sujette à son roi, et une mère au bien de ses enfans.

Luynes, faisant semblant de croire ses paroles au Roi pleines de sincérité, vint en particulier lui en faHre des remercîmens, avec des protestations de