Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/374

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas si desespérées qu’ils croyoient ; qu’il espéroit que l’autorité de Leurs Majestés seroit bientôt plus grande qu’elle n’avoit été durant la régence ; mais que cependant ils ne prenoient pas un mauvais conseil de s’absenter pour quelque temps, afin que les princes ni les peuples ne pussent prendre leur prétexte accoutumé sur eux.

Ils firent lors mille protestations que, quand bien ils reviendroient à la cour, ils ne se mêleroient jamais d’aucune affaire, et se contenteroient d’avoir assez de pouvoir pour établir la sûreté de leur fortune, sans chercher les apparences d’une autorité si grande, qui ne faisoit que leur engendrer la haine de tout le monde.

Ils pensoient partir tous deux le lendemain matin ; mais le mauvais génie qui les persécutoit retint la maréchale à son malheur ; car, pensant entrer en sa litière, elle se trouva si foible qu’elle s’évanouit deux fois entre les bras des siens. Ne pouvant partir, elle voulut retenir son mari à toute force : il envoie querir Barbin à la pointe du jour, il les trouve tous deux si effrayés qu’ils ne savoient ce qu’ils faisoient. Le mari lui dit qu’il étoit perdu s’il ne persuadoit sa femme de le laisser aller ; ce qu’il fit, lui remontrant qu’il n’y avoit point de péril pour elle, son mari étant absent, et principalement se faisant porter au Louvre, où elle seroit plus assurée que si elle étoit en Italie.

Le maréchal étant parti, Barbin retourne en son logis, où, peu après, l’archevêque de Bourges arrive selon qu’ils étoient convenus le jour précédent, et lui dit, de la part de M. le prince, que ce qu’il avoit